Une histoire de dette
Zéphyria attendait appuyée contre le mur de la maison, un pied en appui contre la paroie et les bras croisées devant sa poitrine. Elle était vêtue d’un pantalon de cuir noir souple et d’une veste de cuir qui épousaient ses formes plutôt harmonieuses. Une large ceinture ceignait ses hanches où était accroché une rapière à la garde finement ouvragée. Autour de sa cuisse droite se trouvaient des fourreaux avec des couteaux de lancer et à sa hanche une longue dague au pommeau délicat. Ses cheveux sombres voletaient au gré du vent frais du soir. Ses yeux d’un bleu ciel de printemps scrutaient la route devant la maison et semblaient guetter quelqu’un.
Arriva un homme au pas leste. Ses longs cheveux bruns cascadaient dans son dos et lui entouraient avec délicatesse un visage à la peau hâlée. Son visage était très masculin, aux traits marqués et au menton carré. Il semblait être bien bâti, ses épaules carrées et musclées se devinaient aisément sous l’espèce de kimono qui battait autour de ses jambes à chacun de ses pas. Ses mains étaient chacune cachée dans une la large manche opposée. Une large ceinture richement ornée de couleurs chatoyantes entourait ses hanches avec grâce. A une autre ceinture de cuir plus fine pendait un sabre au fourreau simple mais délicatement ouvragé.
Ses yeux sombres comme une nuit sans lune se levèrent vers la jeune femme et un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Il était venu pour une régler une dette. Une sorte de folie qu’il avait décidé d’accepter de la part de la soeur de l’impératrice après un emprunt pécuniaire. Elle lui avait fait promettre de la chair et du sang, et il s’interrogeait toujours sur le pourquoi il avait accepté. Peut-être par curiosité à cause de la réputation de la famille ou pour une raison qu’il n’avait lui même pas encore réussi à décider.
Zéphyria le regarda s’approcher sans pour autant bouger et esquissa un sourire amusé.
- Seigneur Jyah, vous êtes venu.
-Je paye toujours mes dettes. Quelles qu'elles soient.
Zéphyria semblait se divertir à merveille, elle avait réussi à lui faire promettre un règlement des plus étrange et elle s’amusait follement. Sa mère avait pour habitude de faire payer les dettes dans une cave avec des pratiques des plus variées. La réputation de la famille n’était plus à faire à ce niveau, mais Zéphyria avait une autre idée derrière la tête bien qu'elle n’en avait rien laissé paraître. Elle avait observé le seigneur Jyah durant les réunions et avait déduit qu’il serait bien plus utile pour exercer un art qu’elle n’avait que trop peu l’occasion de pratiquer. Lorsqu’il s’arrêta devant elle, elle se détacha du mur et épousseta ses vêtements avant de l’inviter à la suivre à l'intérieur de la maison.
- Je vous en prie, entrez donc, nous procéderons à l'intérieur.
- Je vous en prie, la bienséance voudrait que vous entriez avant moi.
Il l’invita à passer devant. Zéphyria haussa légèrement les épaules et entra dans la maison suivit de près par son invité. Le hall était spacieux et décoré avec sobriété. Plusieures portes se présentaient devant eux et Zéphyria se dirigea vers une des portes située dans le fond droit, il donnait sur un long couloir où pendaient différents portraits peints avec adresse, à l’ancienne. Une personne connaissant un peu l’histoire de la galaxie pouvait y deviner les portraits des parents de Zéphyria et Naelys ainsi que quelques autres membres de leur famille.
Ils arrivèrent à une grande double porte d’un bois massif devant laquelle la jeune femme s’arrêta quelques instants. Elle se tourna vers Jyah qui la suivait toujours et semblait observer les portraits du couloir. Elle se mit dos au mur et fixa son interlocuteur quelque secondes.
- Vous êtes toujours prêt a payer votre …. dette ?
Elle avait un sourire en coin. Elle adorait jouer avec la réputation familiale et s’en amusait beaucoup mais y prenait beaucoup moins de plaisir que sa mère. Elle, elle avait trouvé un autre passe temps qui lui plaisait beaucoup plus.
-* Je vous l’ai dit, Dame Zéphyria, je paye toujours mes dettes.*
Zéphyria fit un signe de tête et se mis à reculer pour ouvrir la porte avec son dos. La salle qui se trouvait derrière était immense et très lumineuse. Les murs étaient en bois sombre et richement ornées de sculptures en tout genre représentant des scènes de combat avec différentes armes. Le sol était de bois également, mais noir comme l’ébène, et plus de la moitié de la salle était recouverte par un grand et épais tapis pourpre. Le plafond était fait de verre et laissait filtrer les dernier rayons du soir qui donnaient une couleur orangée et tamisée à la pièce. Les murs semblaient nus et la pièce avait un aspect vide.
La jeune femme laissa le temps à son invité d’observer les lieux sans le quitter des yeux. Il semblait partiellement intrigué et semblait comprendre ce que tout ceci pouvait signifier. Dans quelle activité étrange s’était-il laissé entraîner ? Zéphyria se plaça dans le centre de la pièce et embrassant tout l’espace de ses bras et dit d‘une voix réjouie.
- Bienvenue dans ma salle de jeu.
- Ce n’est pas ce à quoi je m’attendais.
- Et a quoi donc vous attendiez-vous ?
- A quelque chose de plus …. meublé et riche en matériel.
Zéphyria éclata de rire.
- Ravi de vous distraire.
Il semblait perplexe et pas certain du comportement à adopter. Zéphyria se dirigea vers le mur du fond où elle glissa le doigt le long d’une de figures de combat jusqu'à ce qu’un petit clic se fasse entendre et qu’une partie du mur s’avance légèrement. Elle le fit glisser vers l’avant et y attrapa une lame légère qu’elle fit tournoyer entre ses doigts tout en s’approchant de Jyah. Elle vit sa main droite se reculer légèrement et son regard se plisser. Zéphyria s’arrêta à quelques pas de lui la lame pointée vers le bas.
- Je ne suis pas aussi adepte de pratiques étranges dans une sombre cave que le fut ma mère. J’ai une autre activité que je préfère largement et je suis certaine que vous serez un bon partenaire. Payez moi votre dette de sang et de chair par la lame.
Elle lui tendit la garde de la rapière.
- Si vous êtes aussi douée en lame qu’en cachotterie cela pourrait peut-être devenir intéressant. Cependant si vous désirez un combat de la sorte je préfère le faire avec mon propre sabre. Si cela vous sied ?
Zéphyria fit une courbette exagérée.
- Votre lame sera mienne. Je garderai alors ma propre arme aussi.
Elle parti ranger la rapière dans le présentoir et le poussa dans le mur jusqu'à ce qu’un clic le fasse disparaître définitivement. Elle se dirigea vers le fond de la pièce où elle actionna quelques boutons. Un petit bourdonnement se fit entendre et un porte-manteau et des fauteuils sortirent du mur. Le toit quant à lui sembla se rétracter et une légère brise fraîche s'engouffra dans la pièce avec l’odeur d’une journée estivale. Zéphyria retira son blouson et l'accrocha au porte-manteau. Elle portait une chemise de soie noire et un serre taille de la même teinte brodé d'entrelacs d’argent. Elle sortit sa rapière du fourreau et la fit tourner entre ses doigts tout en approchant de Jyah en souriant.
- Vous êtes prêt à jouer ?
Il dégaina son sabre et fit quelques mouvements habiles autour de son corps avant de se mettre en garde. Le regarde de Zéphyria s’illumina : elle avait bien choisi et en était ravie. Elle se mit en garde aussi.
- Jusqu’au sang ! Et surtout faites moi plaisir, ne vous retenez pas.
Il y eu un instant vide, comme un blanc, puis Zéphyria parti à l’attaque. Le poignet souple elle tenta plusieurs approches en finesse. Des attaques simples et directes. Jyah les contra sans peine de coups de lame bien placés. Il se contenta d’esquiver les attaques de son adversaire dans un premier temps, comme pour jauger sa puissance. Un léger sourire illumina son visage, puis ce fut à son tour de passer à l’assaut. Des gestes calculés, bien placés que Zéphyria put esquiver et parer à son tour sans trop de difficultés. Si quelqu’un entrait à cet instant dans la salle, il aurait put observer une sorte de danse de deux adversaires qui bougeaient avec élégance et grâce dans la pièce au rythme lent des lames qui s’entrechoquaient.
Les deux combattants s’éloignèrent l’un de l’autre quelques instants et se regardèrent. Zéphyria semblait lumineuse et ravie, mais étonnée de voir que son adversaire avait toujours son bras gauche toujours collé contre son ventre. Jyah quand à lui arborait un sourire indéchiffrable.
- Je suis ravie de mon choix ...vous êtes un adversaire agile.
- Je vous retourne le compliment. Mais je suis sûr que vous pouvez faire mieux.
La jeune femme se mit en garde et prit une grande inspiration. Elle fixa son adversaire, puis repartit à l’attaque, portant des coups plus subtils et cherchant à toucher une épaule, un bras ou le dos. Jyah raffermit sa prise sur la garde de son sabre, son autre main restant toujours cachée le long de sa ceinture. Il se défendit avec vaillance et tenta lui même de porter des coups au niveau des bras ou des cuisses.
Zéphyria fit tournoyer sa rapière dans sa main et repartit de plus belle, elle tenta une attaque sur l’épaule immobile que jyah parra du plat de sa lame, puis elle fit un tour complet sur elle même afin d’attaquer le côté opposé et il écarta à nouveau la lame du plat de la sienne le visage concentré. Zéphyria tourna une dernière fois sur elle même en se laissant tomber sur un genoux et dans son élan entailla la tunique de son adversaire à la hanche, par dessus le bras de celui-ci, avec un bruit métallique. Dans le même mouvement, le sabre de Jyah lui effleura le sommet de la tête, passant à un cheveu de la scalper. Un pan de tissu tomba au sol devant le genoux de la jeune femme, dévoilant le bras de son adversaire qui s’ornait d’un bracelet de force métallique, son pouce glissé dans la ceinture. Elle leva les yeux lentement, le regard brillant un sourire en coin. Elle roula sur le sol pour se dégager et reculer.
Le regard de Jyah voyagea entre Zéphyria qui se remettait sur pied et la manche manquante de son kimono. Un regard énigmatique, puis une étincelle. Il rengaina son arme, sortit sa dague courbe de son fourreau et la clipsa à l'intérieur de sa main gauche avec un astucieux système installé sur le mystérieux bracelet. Puis il retira son pouce de sa ceinture pour que son bras tombe le long de son corps, visiblement sans force. Il dégaina à nouveau son sabre pour se remettre en position. Zéphyria resta quelques instants contrite à la vision du bas inerte puis observa l’ingénieux système de fixation. Elle dégaina sa propre dague qu’elle fit rouler entre ses doigts avant de l'agripper fermement. Elle se positionna en garde avec ses deux armes une étincelle dans l’oeil.
Les deux adversaires se jaugèrent à nouveau quelques instants. La tension était palpable. Tout à coup, comme si quelqu’un avait actionné un interrupteur, Jyah et Zéphyria se précipitèrent l’un vers l’autre. Jyah surpris la jeune femme en commençant à tourner sur lui même tel une hélice meurtrière, puis juste avant de l’atteindre, il bondit dans les airs en tournoyant pour abattre sa main invalide et sa dague sur elle. Celle-lui lui frôla l’épaule en laissant une ligne qui vira à l'écarlate entre les deux pans de tissus déchirés.
Zéphyria baissa les yeux sur son épaule où une goutte de sang commençait à perler, elle y glissa un pouce, retira le sang et le glissa entre ses lèvres le regard défiant. Elle se remit en position pour attaquer.
Jyah garda l’initiative : il prit de la vitesse et se mit en enchaîner des tourbillons, qui faisaient virevolter son bras inerte tel un fouet armé. De son autre main il asséna des attaques entre chaque rotation. Zéphyria quant à elle esquiva les attaques avec agilité, se glissant le long du sol et tournoyant autour de sa cible. Les armes se rencontrèrent dans un cliqueti continu et sa dague virevoltait pour contrer les coups de la sienne. Lors d’un saut de son adversaire pour tournoyer vers elle, Zéphyria pris la décision de partir dans le sens contraire. Elle se laissa glisser sur le sol, sur les genoux, et ainsi se retrouva dans son dos pour enfin sauter sur ses pieds et dans un rapide coup de poignard faire une large entaille le long du dos. Jyah sembla se crisper légèrement mais n’arrêta pas pour autant. Lorsqu’il atterrit sur ses pieds, il balaya les jambes de son adversaire d’un habile coup de talon et Zéphyria se retrouva sur les fesses. Il pointa sa lame vers elle les yeux brillants, lui glissant sous le menton pour lui relever la tête pour la fixer droit dans les yeux. Un éclair fugace passa dans celui de Zéphyria et elle écarta la lame d’un coup de poignet pour se relever.
Zéphyria l’avait sous estimé. Elle avait jugé trop vite. Un défaut que lui reprochait son maître d’arme. Sa fougue prenait souvent le dessus et elle se jetait à corps perdu dans une bagarre sans prendre le temps de jauger. Elle fit rouler ses épaules et regarda la déchirure du tissu, elle empoigna la manche et fit craquer les fils pour l’arracher. Un léger filet de sang coulait le long de la peau. Elle entailla l’autre manche pour pouvoir l’arracher également avant de se mettre en position. Son regard s’intensifia et sembla se vider de tout sentiment. Sa bouche devint une ligne fine et pincée et on pouvait voir les muscles de sa mâchoire saillir sous la peau. Jyah avait une expression sérieuse et sereine.
Il se mit debout face à elle, le sabre en garde basse, la fixant avec intensité. Zéphyria parti à l’attaque, un assaut rapide et précis. Son adversaire esquiva en sautant au dessus de la lame et en dansant autour de la jeune femme tel un feu folet. Zéphyria continua les attaques déviant la lame de sa dague et assénant une coupure le long du torse lors d’une d’une pirouette. Elle continua sa route en suivant le mouvement de son adversaire. Ils se retrouvèrent presque collés dos à dos, mais elle continua le mouvement en entaillant le haut de l’épaule invalide. Lors qu’elle fit le mouvement pour se retourner la sabre de jyah mordit le tissu de sa chemise faisant voler un lambeau de tissu dans les airs. Elle eu un instant d’arrêt vérifiant l’état de sa chair et eu un sourire franc en levant les yeux. Devant elle Jyah se tenait droit, ses vêtements déchirés pendant ça et là sur son corps. Il avait un sourire qu’elle eu du mal à déchiffrer. Son torse se levait et s’abaissait au rythme d’une respiration rapide.
- Encore ?
Zéphyria hocha la tête.
- Oui, encore …
— Falmala, 31 juil. 2017, 17h46
- Alors laissez moi me débarrasser de mon kimono.
- Faites je vous en prie.
Jyah tendit la garde de son sabre à la jeune femme. Il entreprit de faire glisser le kimono le long de son bras immobile pour ensuite retirer son bras valide et laisser tomber haut sur ses hanches. Zéphyria découvrit un dos large ou saillaient des muscles entretenus. Elle vit un tatouage qui strillait son dos, des fines écailles vertes et noires, qui semblaient s’enrouler autour de son corps et naître de sous la ceinture de son pantalon. Une légère balafre rougeoyante lui traversait le dos, la ou elle avait découpé son kimono. Lorsqu’il se retourna elle pu voir que le même motif lui entourait le ventre et qu’il s’agissait d’un énorme serpent qui lui ceignant la taille et remontait le long de son bras. Une tête massive se dessinait sur son poignet droit et la fixait de ses yeux sombres. A chaque respiration le serpent semblait se mouvoir le long de son corps et il était impressionnant. Lorsqu’elle leva les yeux et surprit Jyah à l’observer et elle du sourire.
- Une magnifique oeuvre.
- C’est ma wouivre protectrice, dit il en glissant sa main le long des écailles du ventre, elle est morte en me protégeant contre une tentative d’assassinat.
Il reprit son arme, un sourire carnassier se dessinant sur ses lèvres avant qu’il ne s’éloigne à nouveau pour se positionner. Elle le vit faire rouler ses muscles et un filet de sang coula entre ses deux omoplates pour se perdre dans le creux de ses reins. Zéphyria aurait voulu poser plus de question mais elle le reporta à plus tard. Il se retourna et la salua de son arme avant de se remettre en position d’attente. Zéphyria reprit sa posture défensive et lui fit un signe de tête.
- Une dernière fois et ne vous arrêtez pas.
- Vos désirs sont mes ordres.
Un sourire se dessina sur ses lèvres avant qu’il ne reprenne un visage mortellement sérieux.
La jeune femme parti à l’attaque, elle entreprit des pas légers, plus dansants, pour s’adapter au style de son ennemi. Elle virevoltait à travers la pièce tandis que Jyah tournoyait et sautait tel une tornade mortelle. Un coup de sabre lui mordit le bras gauche et sa dague failli lui échapper, mais elle resserra les doigts et serra les dents. Elle voulut lui balayer les jambes, mais il sauta par dessus et tenta de lui donner un coup de dague dans le dos. Elle roula au sol pour bondir à nouveau sur ses pieds et lui infligea un coup de dague sur l’épaule droite. Elle le vit frémir, mais il s'élança à nouveau dans une suite de sauts, et la propulsa en arrière d’un coup de pied dans l’estomac. Zéphyria eut le souffle court pendant quelques secondes et eut un sourire mauvais en levant les yeux vers son adversaire. Elle prit appui sur ses pieds, accompagné d’une grande inspiration et se mit à courir. Jyah s’apprêtait à bondir. Zéphyria lâcha sa rapière sur le sol dans un bruit métallique puis bondit sur le dos de son adversaire. Elle le ceintura de ses jambes, plaqua la lame de sa dague contre sa gorge et mit tout son poids vers l’arrière pour lui faire perdre l’équilibre. Il bascula en arrière et Zéphyria se receptionna de justesse sur un pied pour pouvoir s’asseoir sur son torse dans un mouvement rotatif, un genoux sur le bras invalide et sa dague le tenant en respect. Elle avait le souffle court, du sang coulait le long de son bras.
Un sourire lumineux irradiait de son visage tandis qu’elle retirait lentement la lame de la gorge de Jyah, puis elle se laissa tomber sur le sol à côté de lui. Elle eu un rire franc et observa l’homme sur le sol.
- Vous avez payé votre dette.
- Vous m’en voyez ravi. Vous êtes une guerrière impressionnante.
Elle se prit le temps de récupérer son souffle, laissant le sang goûter sur le sol. Jyah se redressa et resta assis à côté d’elle sur le sol.
- Vous devriez soigner votre bras. - C’est juste une égratignure.
Zéphyria regarda la plaie qui était plus profonde qu’elle ne l’aurait pensé. Elle entreprit de déboutonner le reste de sa chemise et la retirer pour l’enrouler autour de son bras. Elle fini par se lever, tendre une main à son adversaire pour le relever et se diriger vers la petite table. Elle sortit des boissons, une trousse de soin et déposa le tout sur la table basse. Zéphyria attrapa une bouteille d’eau ou elle bu de longues gorgées avant de s’installer sur le fauteuil auprès de la trousse de secour. Elle entreprit de défaire le bandage improvisé pour regarder la plaie de plus près. Jyah s’approcha après avoir bu à son tour et tendit la main.
- Laissez-moi jeter un coup d’oeil, la plaie a l’air profonde. J’aurais pu vous blesser gravement.
Un rien d’inquiétude de culpabilité perçait dans sa voix.
- Je ne vous ai pas laissé le choix, n’ayez crainte je ne vous accuserai en rien. Je suis trop satisfaite d’avoir eu un adversaire de taille.
Jyah rapprocha le deuxième fauteuil et s’y assit, puis il attrapa le désinfectant et un tissu propre pour nettoyer la plaie de la jeune femme. Elle grimaça à peine. Sur sa peau on pouvait voir des vestiges de coupures diverses, qui avaient guéri de façon plus ou moins propre.
- Laissez-moi recoudre votre plaie, elle risque de mettre du temps à guérir sinon.
- Vous savez recoudre ?
- En tant que guerrier on sait avoir les gestes pour survivre. Tous les Sparkhiates savent porter secours à un frère d’arme en danger ou survivre en territoire hostile. Prince comme ouvrier ou paysan.
- Je vous en prie, faites, les points seront probablement mieux fait que par moi même.
Jyah prépara la fil, l'alcool et l’aiguille. Il désinfecta le tout et prit fermement le bras pour commencer à recoudre. Zéphyria grimaça doucement et attrapa une boisson plus forte qu’elle sirotta, le regard rivé sur la couture agile de son adversaire.
- Naelys va encore m'enguirlander, dit-elle dans un semi rire.
- C’est votre soeur, elle s'inquiète pour vous, fit-il d’un ton neutre.
- Je sais me défendre, c’est plutôt à moi de m'inquiéter pour elle. Elle n’a jamais été douée dans le maniement des armes. La langue et une bien meilleure arme pour elle.
- Elle est votre jumelle, votre double génétique, et d’âme, si vous croyez à ça. Chez moi, on raconte que les jumeaux sont une seule âme que la Force-Monde a scindé en deux. C’est normal que vous vous souciiez l’une pour l’autre.
Zéphyria hocha doucement la tête. Jyah travaillait vite et avec agilité. Les points étaient réguliers et propres, de plus il avait terminé en un temps record.
- Vous faites ça vraiment bien….
- Vous en doutiez ? Dit-il en esquissant un sourire amusé.
- Une peu, je dois avouer. Mais je ne suis plus a une cicatrice près.
- Vous aimez l’art des armes…
- Oui ils ont quelque chose, une énergie que je ne saurais décrire… Mais elle ne servent pas beaucoup la haut, une fois derrière les commandes de son vaisseau.
Elle le vite sourire tandis qu’il rangeait le matériel de couture. Zéphyria attrapa le désinfectant et un tissu propre avant de se lever et imbiber le tissu. Elle se mis derrière le fauteuil de son adversaire et suivit du doigt, la trace de sa rapière dans son dos. Elle le vit tressaillir à son contact et lui lancer un regard inquisiteur ce qui arrêta son geste quelques secondes.
- Pardonnez-moi, laissez-moi vous rendre la pareille et désinfecter vos blessures.
D’un signe de tête, il lui donna son assentiment. Elle nettoya la plaie avec délicatesse et essuya le sang qui avait coulé dans le dos suite à l’effort tout en en profitant pour regarder de plus près le tatouage en faisant courir un doigt sur les lignes, légèrement intriguée. Puis elle contourna le fauteuil et poussa Jyah contre le dossier pour s’occuper des autres blessures. Il tressaillit à peine et observait ses faits et gestes. Zéphyria accroupie devant le fauteuil, suivait les tracés du tatouage du bout des doigts et remonta sur la tête si réelle du serpent.
- Parlez-moi d’elle…. vous avez dit qu’elle était morte pour vous sauver ….elle semble si …. réelle …
- C’est parce qu’il ne s’agit pas d’un simple dessins. Je vous explique en soignant le reste de vos blessures si vous le souhaitez. Bien que peu de gens le savent, ça n’a rien d’un secret.
Il lui indiqua le fauteuil et prit un nouveau tissu propre pour nettoyer. Zéphyria s’installa sagement et écouta son histoire tandis qu’il épongeait les différentes écorchures de la jeune femme.
- Comme chaque Premier Prince de la maison de Sparkhe, une des dernières wouivres, qui sont les gardiens de ma famille depuis des générations à offert un oeuf pour ma naissance. Kundalini, qui en est sortie, m’a protégé et accompagné durant toute mon enfance. Ces bêtes sont mortelles et intelligentes, mais si on arrive à les dresser, ce sont des compagnons de chasse hors pair. A dix-sept ans j’ai été victime d’une tentative d’assassinat qui a failli sceller la vie de mon existence. Ce n’était pas la première ni la dernière, mais cette fois personne ne l’avait venir étant donné qu’il s'agissait d’une trahison impensable. Je vous épargne les détails, mais je dois la vie à Kundalini qui s’est sacrifiée ce jour-là. Mon tatouage, c’est elle. Ses écailles ont servit à faire les pigments. C’est également ce jour que j’ai perdu l’usage de mon bras gauche. Peu de gens en ont eu vent, et encore moins de ceux-là ne savent que je suis tout à fait capable de me battre avec. Gardez-le pour vous. A moins que vous ne projetiez de m’assassiner bien entendu… ajouta-t-il d’un air indéchiffrable tandis qu’il passait sur une coupure superficielle proche du cou de la jeune femme.
Sans plus de cérémonie, il reposa son matériel sur le plateau et se releva.
- Y-a-t il une suite à tout ceci Dame Zéphyria ?
Elle leva les yeux et esquissa un sourire.
- Je serais idiote de vouloir vous vous assassiner, un si bon élément. Je préfère de loin avoir la possibilité de m’entraîner encore avec vous, si vous le permettez.
- Ce serait un honneur, et un plaisir, de mélanger la sueur, le sang et l’acier ensemble Dame Zéphyria dit-il en s’inclinant légèrement, son éternel sourire mystérieux toujours au coin des lèvres.* Je serais ravi d’avoir une maîtresse... d’armes, telle que vous pour pratiquer ces arts* ajouta-t-il en dévoilant des dents étincelantes, une lumière noire dans l’oeil.
Zéphyria se mit debout et récupéra son blouson qu’elle enfila en grimaçant doucement lors du passage de son bras.
- Alors je crois que nous avons rendez-vous à nouveau dans 3 jours.
- Trois jours… fit-il pensif. C’est entendu. Mais nous ferons ça chez moi cette fois-ci. Permettez-moi de vous rendre votre invitation.
- C’est avec plaisir que je me rendrai chez vous.
- J’espère que votre bras sera de nouveau en état d’ici-là. Vous devriez pouvoir enlever les points dès demain soir.
- Oui docteur, dit elle avec un sourire en coin; je vous raccompagne ?
- Inutile, je connais le chemin. Et j’aime profiter de la noirceur et de l’intimité de la nuit seul sous les arbres. Votre planète a un ciel splendide savez-vous ? On trouve ici de bien jolies étoiles termina-t-il songeur en commençant à partir, toujours torse nu, les mains croisées derrière le dos, sabre et jambiya à la ceinture.
Zéphyria le regarda s’éloigner, silencieuse, et lorsqu’il eut disparu à l’angle du couloir, elle jeta un coup d’oeil à la salle où l’on devinait les trace de sang sur le sol. Elle eut un sourire en coin et secoua doucement la tête avant de récupérer sa rapière, la glisser à sa ceinture et de quitter la salle à son tour. Les prochains entraînements semblaient prometteurs.
— Falmala, 31 juil. 2017, 17h46
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